Billet de la semaine
Dévarim 33:21
וַיַּרְא רֵאשִׁית לוֹ, כִּי-שָׁם חֶלְקַת מְחֹקֵק סָפוּן; וַיֵּתֵא, רָאשֵׁי עָם--צִדְקַת יְהוָה עָשָׂה, וּמִשְׁפָּטָיו עִם-יִשְׂרָאֵל.
Vayar réshit lo ki sham helqat méhoqèq safoun ; vayété rashé am tsidqat YHWH ‘asa oumishpatav ‘im yisraèl
Nous allons nous concentrer sur la partie en rouge :
“Il (tribu de Gad) s'est adjugé les prémices de la conquête, là est sa part, réservée par le législateur” (Trad. du rabbinat)
Il (tribu de Gad) a choisi les prémices du pays, car là est caché l'héritage du législateur; (Trad. Segond)
Et il (tribu de Gad) s'est choisi la première partie du pays: car là était réservée la part du législateur (Trad. Darby)
Nous remarquons une différence entre la traduction juive et les deux chrétiennes : la question de la part. Dans le rabbinat, le mot part est attribué à Gad alors que dans les traductions chrétiennes, la part appartient au législateur. Qui a raison ? Analysons l’hébreu.
En hébreu, part se dit “hélèq”. Dans ki sham helqat méhoqèq safoun le mot apparaît sous la forme “helqat”. On y a ajouté un tav [t]. Ici, Le tav marque l’état construit en hébreu c’est-à-dire il lie le mot helqat au mot suivant “méhoqèq” législateur en français. La bonne traduction est donc la part du législateur. La part appartient au législateur, les traductions Segond et Darby sont les bonnes. En hébreu, il n’y a pas d’indications que la part a été réservée par le législateur.
Quelle est donc cette part et qui est donc le législateur ? Selon le karaïte Aaron ben Yosef de Constantinople (1260-1320) traduit également la part du législateur. Selon lui, le “méhoqèq” est Moshé puisqu’il traduit législateur par donneur de la Loi/Torah. Le terme “méhoqèq” vient de l’hébreu “houq/hoq” statut, décret. La part du donneur de la Torah, selon Aaron ben Yosef, est le lieu où YHWH a enseveli Moshé. C’est pour cela que l’hébreu parle de “helqat méhoqèq”. Selon l’analyse de l’hébreu, cela me semble être une bonne interprétation de ce verset.
Nous pouvons conclure en estimant que Moshé a été enseveli à l’est du Jourdain, près de la frontière dans le territoire de Gad conquit à Moav. Ce qui semble évident au regard de Dévarim 34:1, 6 et 8. Par conséquent, dans les bénédictions au tribus (Dévarim 33), Moshé donne une des raisons de l’établissement de la Tribu de Gad à l’est du Jourdain et non en territoire de Canaan : la tribu de Gad sera la gardienne du territoire de sa sépulture dont nul ne connaîtra l’endroit exact.
C'est par ailleurs ce que transcrit le mot safoun. Ce mot vient de la racine ס.פ.ן-s.p.n qui signifie "couvrir, recouvrir". Ainsi quand Moshé dit : ki sham helqat méhoqèq safoun cela se traduit par car là [est] couverte (dans le sens de cachée) la part du Législateur. Dans ce cas de figure, la traduction Segond est la plus juste, elle l'emporte par KO.
Ce passage est d'une grande importance, il nous montre 1) que Gad fut le gardien du territoire de sa sépulture 2) que Moshé a prophétisé sur lui-même en évoquant l'impossibilité de trouver sa tombe. Par conséquent, lorsqu'il monta au sommet du Pisga, les enfants d'Israël étaient déjà au courant qu'ils le voyaient pour la dernière fois.
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