Commentaire Parachat Shemini
Lien en anglais du Karaite Jews of America : Shemini
Notes de l’Auteur :
« Et YHWH parla à Aaron, en disant : "Vin et bière, tu n’en boiras pas, toi et tes fils avec toi, lorsque vous entrerez dans la Tente de la Rencontre, afin que vous ne mouriez point ; c’est une loi perpétuelle pour toutes vos générations." (Lévitique 10:8-9)
La Torah n’interdit pas l’usage des boissons enivrantes ; en réalité, de nombreux passages soutiennent leur usage comme une forme légitime d’expression de la joie devant YHWH. Par exemple, à propos de la deuxième dîme, il est écrit :
« Tu donneras en argent ; et tu serreras l'argent dans ta main, et tu iras au lieu que YHWH ton Dieu aura choisi. Et tu dépenseras cet argent pour tout ce que ton âme désire — du gros bétail, du petit bétail, du vin, de la bière, et tout ce que ton âme te demandera ; et tu mangeras là devant YHWH ton Dieu, et tu te réjouiras, toi et ta maison. » (Deutéronome 14:25-27)
On voit clairement ici que la consommation de boissons alcoolisées, tout comme le fait de bien manger, est commandée dans le cadre de notre réjouissance devant YHWH. Cependant, le Miḳraʼ (le Tanakh, les Écritures hébraïques) en limite l’usage et présente l’ivresse comme l’un des grands vices de l’Antiquité. Deux cas bien connus montrent l’ivresse sous un jour négatif : celui de Noé (Genèse 9:21) et celui de Lot (Genèse 19:33-35). Même les femmes y sont rendues coupables (Amos 4:1). Les symptômes et effets des boissons fortes [lors d'une consommation excessive] sont décrits de manière frappante [dans les passages suivants] (dans un sens négatif) (Job 12:25 ; Psaume 107:27 ; Ésaïe 28:7 ; Osée 4:11).
Bien que le Miḳraʼ condamne les excès avec la plus grande fermeté, il ne prescrit pas l’abstinence totale comme une règle formelle et universelle. Dans certaines circonstances, l’usage de l’alcool est interdit : par exemple, quand le prêtre est en service (Lévitique 10:9) ou lorsqu’un Israélite a fait vœu de naziréat (Nombres 6:3-4).
Le livre des Proverbes donne des conseils avisés concernant l’ivresse et les excès d’alcool :
« Ne sois pas parmi les buveurs de vin, ni parmi les voraces mangeurs de viande. Car le buveur et le glouton tomberont dans la misère, et la somnolence les revêtira de haillons. » (Proverbes 23:20-21)
« Le vin est moqueur, la bière bruyante ; quiconque s’en égare n’est pas sage. » (Proverbes 20:1)
« Ce n’est pas aux rois, Lemuel, ce n’est pas aux rois de boire du vin ; ni aux dirigeants de rechercher la bière. De peur qu’ils ne boivent et n’oublient ce que dicte la loi, et ne trahissent les droits des opprimés. Donne la bière à ceux qui périssent, et le vin à ceux qui sont dans l’amertume ; qu’ils boivent et oublient leur pauvreté, et qu’ils ne se souviennent plus de leur misère. » (Proverbes 31:4-7)
L’ivrognerie habituelle est décrite comme un fléau social, cause de pauvreté et de violence, et est une marque d’un manque de sagesse. Les dirigeants, juges et fonctionnaires ne doivent pas s’adonner à l’alcool ni être sous son influence pendant l’exercice de leurs fonctions, au risque de corrompre la justice et de faire souffrir les innocents. Les affaires de l’État et la protection des affligés doivent passer avant le plaisir personnel.
Néanmoins, le vin et la bière sont perçus comme des moyens légitimes d’alléger le stress et les peines de la vie.
Le livre de Ben Sira (Siracide), une œuvre sadducéenne du IIIe siècle av. n. è., déclare :
« Ne dîne pas avec la femme d’un autre homme, et ne t’enivre pas avec elle, de peur que ton cœur ne penche vers elle, et que tu ne sois précipité dans la ruine avec du sang. » (Ben Sira 9:9)
Ben Sira nous avertit que l’ivresse, dans certaines situations, peut conduire au péché et à la destruction.
Ce n’est donc pas la consommation d’alcool en soi qui est mal vue par la Torah, mais l’ivresse inappropriée. Se réjouir sous l’effet de l’alcool a son temps et son contexte. Être alcoolique, être égaré par l’alcool, et causer du désordre sous son influence est condamné. Nous devons maîtriser nos désirs, sans pour autant nous priver d’un plaisir légitime s’il est consommé avec modération.
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