La fausse idée de la réincarnation

 La corruption de la vision cyclique du temps : la fausse idée de la réincarnation

Il y a une chose qui est sûre : le temps n’est pas linéaire mais il est cyclique. Cela se confirme avec le cycle du jour et de la nuit qui se répète inlassablement, le cycle des mois qui correspond au cycle lunaire ou bien le cycle des années et des saisons qui se répètent encore et encore. 


Dans le Tanakh, on remarque aussi un cycle des évènements notamment avec le peuple d’Israël. Voici un exemple dans Choftim 2:19 (lire le passage de Choftim 2:10-19) : “Puis, le juge mort, ils recommençaient à agir plus mal encore que leur ancêtres en s’attachant à des béalim étrangers, en les servant et en se prosternant devant eux, en ne renonçant enfin ni à leurs méfaits, ni à leur conduite déréglée.” 

Remarque : On a ici un schéma classique. le peuple faute, YHWH les éprouve avec des malheurs et des lourdes défaites militaires. Le peuple se plaint, quelquefois il retourne vers Elohim. YHWH envoie un juge pour les délivrer. Le peuple est délivré, durant le temps de la vie du juge les israélites “respectent” la Torah puis le juge meurt et les péchés recommencent et ainsi de suite. 


En hébreu biblique, on traduit souvent la racine ח.ד.ש (verbe hadash) par “nouveau”. Cependant, le vrai sens est certes proche mais avec une nuance. La racine signifie le “renouveau”, ce qui change considérablement la chose puisque la notion de nouveau voudrait que la chose nouvelle n’existe pas préalablement. Or avec le sens de “renouveau”, on comprend bien que la chose renouvelée était déjà existante et qu’elle s’est à nouveau produite. Le cas le plus évident est le mois. En hébreu, le mois se dit hodèch de la racine hadash. Le mois biblique se nomme ainsi puisqu'il est basé sur le cycle lunaire, cycle qui se répète en moyenne tous les 29,5 jours (c’est pour cela que certains mois contiennent 29 jours et d’autres 30 jours). Ainsi, hodèch signifie le mois dans le sens de “renouveau” puisque c’est le renouvellement du cycle de la lune à partir de l’observation du croissant de lune. 


La notion cyclique du temps est connue depuis les origines, que ce soit dans le Tanakh où dans les civilisations antiques. C’est dans ce contexte qu’émergea l’idée de réincarnation en Asie. Bien que des minorités chez les juifs, chrétiens et les musulmans croient en la réincarnation (sous différentes formes et aspects variés), le Moyen-Orient antique n'a jamais porté une telle idée venant de cette région. Elle apparaît en premier lieu chez les grecs et les indo-aryens/indo-iraniens (perses, mèdes, tadjik, afghan et inde du nord (brahmanisme, hindouisme, bouddhisme). 


Chez les grecs elle apparaît chez les philosophes et les écrivains classiques (Platon, Pythagore) mais pas chez les auteurs de la mythologie grecque. De ce fait, l’idée de réincarnation chez les grecs est une idée nouvelle, importée d’ailleurs. En effet, nous savons que les grecs croyaient que leurs morts allaient au royaume d’Hadès, dans les Enfers (en latin, Enfers veut dire “lieux souterrains”, rien à voir avec l’enfer chez les chrétiens). 

Conception similaire chez les égyptiens où le mort doit passer la doûat, lieu souterrain où le défunt est éprouvé pour lui permettre de rentrer dans le royaume des morts ou non. Son cœur est pesé à l’aide d’une balance. Le poids : une plume d'autruche. Si le cœur est plus léger, c’est que le défunt s’est bien comporté durant sa vie. Sinon, il est dévoré par la divinité à tête de crocodile. Rassurez-vous, ce n'est qu’un mythe. 

Dans le Tanakh, il y a la notion de shéol. On traduit shéol par “royaume des morts/séjour des morts”. Le shéol biblique représente un lieu pour les morts situé dans les abîmes de la terre, là aussi un lien souterrain : “Ils descendirent, eux et tous les leurs, vivants dans le shéol ; la terre se referma sur eux, et ils disparurent du milieu de l'assemblée.” (Dévarim 16:30) A l’inverse des grecs et des égyptiens, il n’y a pas de forme de vie dans ce lieu souterrain :  “car dans la mort ton souvenir est effacé; dans le Shéol, qui te rend hommage?” (Téhilim 6:6). Seuls les os et la poussière formée par la décomposition du corps atteignent le shéol : “La main de YHWH se posa sur moi et YHWH me transporta en esprit et me déposa au milieu de la vallée, laquelle était pleine d'ossements.” (Ezéchiel 37:1)


En Asie, la réincarnation est une idée purement indo-aryenne. C’est pourquoi on l’associe très souvent à l’hindouisme et au bouddhisme. L’idée de réincarnation vient d’une mauvaise compréhension du cycle du temps et de la vie. En effet, puisque le temps est cyclique et que l’être humain est doté d’une substance de vie immortelle (âme ou souffle) alors l’homme devrait se réincarner pour différentes raisons nous dit-on (je généralise au maximum sans rentrer dans les détails, cela serait trop long). Certains disent que puisque tout est cyclique, la vie de l’homme l’est aussi donc la réincarnation existe. Erreur. Le cycle de la vie existe, oui. Il ne fonctionne pas en une multitude de vies d’un homme mais en la reproduction des espèces vivantes. Il y a des humains qui meurent et en même temps d’autres naissent. Ainsi fonctionne la vie et le cycle est respecté.  


Dans le Tanakh, il n’y a aucune trace de réincarnation. L’humain est dôté d’un corps (Gouf/גוף), d’un souffle/esprit (rouah/רוח ; néshama/נשמה) et d’une substance vitale/âme dans le sang et le coeur (néfèsh/נפשׁ). Le Gouf et le Néfèsh sont périssables puisqu'ils sont l'enveloppe matérielle et le sang : 

“C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, - jusqu'à ce que tu retournes à la terre d'où tu as été tiré: car poussière tu fus, et poussière tu redeviendras!" (Béréchit 3:19)

Le souffle, donné par Elohim, ne peut mourir. Nous avons la réponse de ce que devient le souffle de l’humain après sa mort : 

que la poussière retourne à la poussière, redevenant ce qu'elle était, et que l'esprit remonte à Elohim qui l'a donné.” (Qohélèt 12:7)


Il n’y a donc aucune réincarnation possible puisque l’âme en tant que sang meurt et l’âme en tant que souffle/esprit remonte à Elohim or sans le néfèsh (psyché en grec), impossible d’utiliser des capacités émotionnelles et intellectuelles comme le souvenir. 

En réalité, la mort est un état d’endormissement continu, elle représente l’absence de vie mais pas un anéantissement complet de cette dernière rendant la résurrection possible. 


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