Commentaire Parasha Vaet'hanan

 Parashat Vaet’hanan

Lien original en anglais du KJA : Parasha Vaet'hanan


Notes de l'auteur : 

« Écoute, Israël : YHWH est notre Elohim, YHWH est Un. Et tu aimeras YHWH ton Elohim de tout ton cœur, de toute ton âme (ou souffle vital) et de toute ta force. » (Dévarim 6:4-5)

Des pages, des livres et des volumes entiers ont été écrits à propos du premier verset du Shema‘, mais en comparaison, peu d’attention a été portée au second verset. À première vue, il nous est ordonné d’aimer YHWH de tout notre cœur, de toute notre vie (ou souffle vital) et de toute notre force, mais que signifie réellement cet ordre ?

Pour obtenir une compréhension juste des intentions de la Torah, il ne suffit pas de connaître l’hébreu biblique ; il faut également comprendre la mentalité et la philosophie derrière cette langue – autrement dit, l’état d’esprit qui l’anime.

Aimer :

La Torah nous ordonne d’aimer YHWH. Or, les commandements de la Torah sont très pratiques par nature, alors que nous pensons généralement à l’amour comme à un concept abstrait. Mais dans la pensée biblique, l’amour est vu comme quelque chose de concret et de pratique.

Dans II Chroniques 19:2, il est dit à Yehoshaphat, roi de Juda :
« À celui qui fait le mal, tu apportes ton aide, et ceux qui haïssent YHWH, tu les aimes. »
Ce verset se compose de deux parties parallèles ; en créant ce parallélisme, l’auteur cherche à souligner le sens synonyme entre « aider » et « aimer » d’un côté, et entre « celui qui fait le mal » et « ceux qui haïssent YHWH » de l’autre. Ainsi, aimer est assimilé à aider.

Dans I Rois 5:15, il est écrit que « Ḥiram a toujours aimé David », et dans le contexte du passage, cela signifie que Ḥiram a toujours été utile et bénéfique à David.
Encore, dans II Chroniques 26:10, à propos du roi ՙUziyyahou de Juda, il est écrit :
« Il bâtit des tours dans le désert, et creusa de nombreux puits, car il possédait beaucoup de bétail, tant dans la plaine de Shéfela que sur le plateau ; il avait des laboureurs et des vignerons dans les montagnes et sur le Carmel, car il aimait la terre. »
Les mots « il aimait la terre » indiquent que le roi ՙUziyyahou a été bénéfique à la terre en y investissant ses efforts pour la cultiver.

Par conséquent, dans la pensée biblique, aimer signifie être utile à, être bénéfique à, aider ou assister. Ainsi, la Torah ne nous commande pas de ressentir quelque chose, mais de faire quelque chose – d’être utile ou bénéfique, c’est-à-dire d’aider.

Conclusion : « Tu aimeras YHWH » signifie être bénéfique à YHWH, l’assister et l’aider dans son œuvre.

Pour être utiles et bénéfiques à YHWH, nous devons mobiliser tout notre cœur, toute notre âme/vie, et toute notre force.

Cœur :

Dans la pensée européenne ou occidentale, le cœur est vu comme le siège des émotions. Mais dans la pensée biblique, c’est plutôt le ventre qui est le siège des émotions — probablement parce que, lorsqu’on est nerveux, on sent des « papillons dans le ventre ».

Le cœur, lui, est le siège de l’intellect — de la compréhension, de la pensée et de la planification — comme il est écrit :
« YHWH ne vous a-t-Il pas donné un cœur pour comprendre, des yeux pour voir, et des oreilles pour entendre, jusqu’à ce jour ? » (Dévarim. 29:3)
En anglais, être « sans cœur » (heartless) signifie être insensible ; en hébreu, cela signifie être stupide ou insensé, comme dans :
« Éphraïm est comme une colombe stupide, sans cœur ; ils appellent l’Égypte, ils vont vers l’Assyrie. » (Hoshéa 7:11)

Le cœur est donc l’organe de la pensée :
« YHWH vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre, et que toute l’imagination des pensées de son cœur n’était que mal continuellement. » (Béréchit. 6:5)

Ainsi, dans le verset :
« Tu reconnaîtras aujourd’hui et tu porteras à ton cœur que YHWH est Elohim, dans le ciel au-dessus et sur la terre en bas ; il n’y en a pas d’autre. » (Dévarim. 4:39),
le cœur renvoie à l’intelligence et à la compréhension.

Conclusion : « De tout ton cœur » signifie avec toutes tes facultés intellectuelles, ta compréhension, ta pensée et ta planification.

Âme / souffle vital :

Cela signifie avec tout ton être, voire avec ta vie même, si tu te retrouves dans une situation impliquant un choix entre le martyre ou la trahison envers YHWH et Sa Torah.

Force :

Le mot hébreu me’od (מְאֹד) est généralement traduit par force ou puissance. Mais me’od signifie littéralement « très » ou « beaucoup ». Ainsi, force ou puissance ne désigne pas ici notre force physique, mais tout ce que nous possédons, autrement dit nos biens, nos ressources, nos richesses, et notre force intérieure.

Par conséquent, le second verset du Shema‘ peut être rendu ainsi :

« Et tu seras utile à / bénéfique à / assistant de YHWH ton Elohim ; avec toutes tes capacités intellectuelles, avec ta vie elle-même, et avec tout ce qui est à toi. »

Petite note de ma part :
L'apport de l'auteur est intéressant. Cependant, je mets un bémol. Sa conclusion me semble trop terre à terre, manquant de spiritualité. Effectivement le coeur est l'organe de la pensée mais dans un large sens, le coeur est l'organe intellectuel qui comprend la pensée mais également le savoir, la compréhension,la sagesse, l'intelligence, le discernement, le raisonnement. Tout ceci nous vient du Roua'h, lui même soufflé par YHWH. Aimer YHWH de tout son coeur revient à l'aimer avec avec esprit/spiritualité (spiritus en latin qui a donné esprit = roua'h). Par ricochet, on comprend le sens d'aimer YHWH de toute sa force vivante (néfèsh) et de toute son abondance/force/possibilité (Mé'od).
C'est à mon sens plus fort et plus profond que la description donné par l'auteur des notes. Je renvoie au livre de Iyov (Job) où la thématique de la connaissance et de l'amour de YHWH est traitée en profondeur.

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